L'attachement : ce lien invisible mais si fort
Il peut s’agir de Léo qui court vers nous après une frayeur, ou encore d’Antoine qui serre notre cou pendant un gros chagrin. Ou encore de Sophie qui jette tous les livres de la bibliothèque pendant une colère en nous regardant. Et aussi, Adèle qui hurle de plaisir quand nous la chatouillons avec la plume. Il n’est pas question d’amour ou de concept mentalisé ici mais plutôt d’un lien biologique, invisible et vital pour l’épanouissement de tous. Il s’agit du lien d’attachement. Avec l’exemple de ces 4 enfants vivant 4 émotions différentes, voyons voir ce que le lien d’attachement signifie au travers des émotions.
Le lien d’attachement est biologique dans le sens où, comme les émotions, nous ne pouvons appréhender à l'avance notre réaction. Lorsqu’Antoine serre notre cou pendant un long chagrin cela va l’accompagner à rétablir sa paix intérieure. En effet, les contacts corps à corps qui passent notamment par les câlins débloquent l’ocytocine. Cette hormone d’amour, de bien-être qui est aussi présente lors de l’accouchement et permet d’ouvrir le passage au bébé à naître. Cette hormone permet la construction du lien par le regard et le peau à peau dès les premières secondes de vie !
Ce lien est totalement invisible. Comme si nous étions reliés de cœur à cœur avec une corde. Parfois cette corde est aussi solide que celles des bateaux ou elle peut être aussi fragile qu’un fil à coudre. Ceci serait une autre thématique à approfondir, et je parlerai ici de la corde la plus robuste. Tout est-il que ce lien invisible apporte une sécurité permanente. En effet, lorsque Léo court vers nous après avoir pris peur, son corps le dirige vers la figure d’attachement la plus proche et avec laquelle il a la corde la plus archaïque. Par réaction au stress, il n’a pas le temps de réfléchir et de choisir vers qui il va confier son anxiété. Néanmoins, comme Paulo Coelho cite dans l’Alchimiste « Le bateau est plus en sécurité quand il est au port mais ce n’est pas pour cela qu’ont été construits les bateaux ». Ainsi, en ayant retrouvé sa sécurité auprès de sa figure d’attachement, il peut, comme le bateau, repartir à l’exploration du monde !
L’attachement, c’est aussi une partie d’expression de soi et des injustices que l’enfant peut ressentir. Vers sa figure d’attachement, il va pouvoir extérioriser en toute confiance son monde interne. Qu’il s’agisse de ses peines, ses peurs, ses joies et de manière plus bruyantes : ses colères. Lorsque Sophie renverse entièrement la bibliothèque en me regardant, je vois tout d’abord dans son regard l’intensité de ce qui l’habite et son désarroi. Elle s’essaye à communiquer, non comme nous l’attendons à notre taille adulte, mais elle expérimente l’affirmation d’elle-même. Cette affirmation rouge colère permet d’extérioriser ses tensions, de réparer ce qui a été blessé en elle. Ainsi, l’accompagnement de l’adulte est primordial pour soutenir cette vague de détresse.
Pour autant, afin de soutenir les expérimentations émotionnelles et construire ce lien d’attachement, il est nécessaire de travailler dans la joie et l’inconditionnel. La joie car elle permet, en tout temps, de recharger les batteries à vides, elle crée de la complicité et nous nourrit de beaux souvenirs. C’est aussi dans la joie que nous apprenons le mieux. Durant ces temps, nous pouvons partager avec les enfants nos techniques de gestion des émotions, expérimenter ensemble dans le jeu et assimiler plus facilement ces stratégies. Puis l’inconditionnel est valable à tout moment pour qu’en temps de tempêtes le navire reste à flot et le phare que nous représentons éclaire toujours le chemin de l’enfant tel un guide.
Clémence Dejardin, Collaboratrice
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